Mes gestes percent, assemblent, tissent, suspendent, soudent ou suturent…

Dans mon travail de sculpture et d’installation, j’utilise des matériaux bruts, des matières au rebut marquées d’histoire. En les détournant, mon corps d’artiste entre en lutte pour en déplacer les symboles, pour révéler les frictions entre les champs de forces paradoxaux, pour rendre visible l’ambivalence dont nous sommes pétris. En explorant la condition humaine, je pointe du doigt les endroits ou ça grince et souligne la fragilité d’une histoire en perpétuelle écriture.

Mes idées naissent d’intuitions, et je sais qu’elles mûrissent dans le bouillonnement du travail dans ce dialogue entre création et résistance.

Qu’elles soient à l’échelle de l’atelier ou déployées in situ,mes pièces interrogent l’individuation et l’altérité. Elles deviennent des passerelles, des outils de compréhension, participant à un processus de libération et de reconstruction. Chaque œuvre est une expérience, un espace d’échange entre mémoire et métamorphose – un lieu où l’on peut éprouver, parfois ensemble, ce qui nous relie.

Je noue une relation particulière avec la pierre, centrale dans ma pratique. Sa présence et sa pérennité ancre mon lien à la nature, au point de m’y confondre et de lui prêter vie. Le métal, lui, me suit depuis toujours, garant d’une force à convaincre. C’est celui qui tient, qui fait le lien quel qu’il soit.

Mes recherches artistiques ne cessent d’explorer l’identité, de relation à l’autre et au monde ainsi que la manière dont un territoire -intime ou collectif- se tisse entre les êtres, les matières et les gestes.

Une façon de comprendre comment un lieu, un lien nous transforme autant qu’on les transforme.