Sculpteure / plasticienne, je travaille avec des idées et des matières que je confronte et conjugue pour leur donner formes et sens. Qu’elles soient à l’échelle de l’atelier ou à celle d’un territoire urbain ou sauvage, toutes questionnent le lien dans tous ces registres.

À l’héritage du Land Art et à la ferveur de l’art brut, s’ajoute à mon travail une sorte de pensée surréaliste.

J’explore la condition humaine, tend à révéler la friction entre les champs de forces paradoxaux, à mettre en évidence l’ambivalence dont nous sommes pétris. En pointant les endroits ou ça grince, je souligne la fragilité d’une histoire en perpétuelle réécriture, et interroge la réparation, la digestion, le rebond, l’altérité.

Matières brutes, matériaux marqués d’histoires, symbolique de l’inconscient, humour et contraste sont les composantes de mon combustible artistique.

Souvent, des fragments sont mis en scène : tentatives de transformation, pour tenter d’initier des liens, par résonances, entre les différentes matières : poétiques, philosophiques, politiques, psychanalytiques, écologiques, sociales et humaines. Tentatives d’orchestration d’une unité possible avec tout ce qui tend à la division, la dispersion, la disparition.

Mes gestes artistiques  : relier, assembler, planter, coudre, suspendre, souder, repriser, tisser, sertir :

– des roches entre elles pour retenir la terre;

– des bâtiments au sol pour interroger leur destruction,

– des polochons pour retrouver le sommeil, conjurer l’insomnie.

– des fragments de bateaux de pêches  pour digérer la transformation d’un port, en hommage aux marins, et symboliquement à ceux qui traversent…

– des bleus de travail lors d’un démantèlement d’usine pour convier à imaginer une nouvelle partition avec des morceaux du passé.

– les hommes ensemble sous une même maille pour expérimenter en conscience la promiscuité.

– des gravats pour proposer un lieu où la vie peut germer de nouveau, comme si chaque débris était une graine.

-…

 

« Presque tout ce qui arrive est inexprimable et s’accomplit dans une région que jamais parole n’a foulée. Et plus inexprimables que tout sont les œuvres d’art, ces êtres secrets dont la vie ne finit pas et que côtoie la nôtre qui passe. »

Maria Rainer Rilke – Lettres à un jeune poète.